De l'être du texte
Un texte n’a rien à prouver. Un texte est un texte. Et même ça, qu’il est un texte, il n’a pas à le prouver. Soit il s’intéresse à l’aspect commercial de sa lecture et il lui faut alors respecter les règles de ce commerce, y compris de passer sous les fourches caudines de l’éditeur. Soit — pour des raisons diverses allant de la certitude profonde — l’amour propre blessé… il ne s’en préoccupe pas, il n’a plus alors qu’à poursuivre son chemin de texte. être dans son monde de texte. Avec ses lois propres, sa constitution propre, ses cheminements propres… prouver qu’il est, sans plus… Et encore ! Prouver est une finalité qu’il n’a pas à tenir car il peut se contenter d’être. Jeté aux vents. Il n’a aucune retombée pragmatique sur le réel. Il n’influe sur rien. Ne sert à rien. Il est.
Comme la plupart d’entre nous. C’est comme si on s’avisait de nous demander pourquoi nous sommes. Pour qui? A quoi nous servons ? Médaillés ou non, célèbres ou inconnus, savants ou ignares, chacun de nous, au fond de lui-même, sait bien que ce qui lui importe, c’est d’être. Sans plus. Et cette situation est déjà assez difficile et fragile : la frontière entre l’être et le néant si imprécise. Pourtant l’être est une évidence qui ne se définit pas. Le fait d’être échappe aux catégories conceptuelles. «To be or not to be» ne se discute pas. C’est une intime conviction. C’est cette même intime conviction qui définit l’être du texte. Pour le reste…