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Écrits de Marc Hodges
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6 septembre 2010

Marche dans la jungle

— XLI —

Tolag, jeudi 24/12/2015, 12:27:60

 

“…Une vraie expédition… C’était super, avec des potes nous avons galéré toute la journée dans cette putain de jungle qui couvre les monts Amuyao à la recherche de ce satané ruisseau où on nous avait dit qu’il y avait des pépites d’or. Nous ne cherchions pas à gagner de l’argent, mais nous avions le désir de découvrir quelque chose, peut-être pas le Pentagone, ni le pôle Sud… ni peut-être même de l’or, mais quelque chose… Au moins un ruisseau… Ni mon frère Bertrand, ni son copain Cham, ni ma sœur Charlotte, ni notre voisin Jayant, ne m’étaient d’aucune utilité. Ils vivent dans l’imaginaire et ce qui est visible, je suis toujours seul à le voir… Ce ne sont pas eux qui seraient capables de traverser une rivière à la nage… Nous avons crapahuté toute la journée dans la boue, creusant un sentier étroit dans la végétation toujours dense du pays où on ne finit par voir et sentir réellement que ça. À force d’abattre des buissons à la machette, j’avais mal au bras gauche. On a marché comme ça plusieurs heures, grimpant des pentes escarpées, glissant dans des vallées abruptes, jusqu’à ce que le soir arrive. On n’avait même pas aperçu un village de cabanes en bâtons, pas une terrasse de riz, on était vraiment dans les zones blanches de la carte. Du moins c’est le jeu de langage qu’on se jouait dans notre tête, et ça nous excitait bien. Tu sais comme la nuit tombe vite dans notre pays: il fait jour, il fait nuit, pas de transitions comme chez toi, pas de vrai crépuscule. Il fait jour, il fait nuit… Bref, nous avons été coincés. Il a fallu couper des branches pour faire une hutte, du feu pour éloigner les bestioles. Heureusement nous avions emporté de quoi bouffer parce que les bananes et les ignames sauvages sont quand même assez rares même si tu les appelles en tagalog… Bon, c’est pas tout, tu verras, il nous est arrivé plein d’autres choses, mais je préfère te raconter tout ça en plusieurs fois. Ça maintient le suspens… Et l’amitié… Demain il y aura une suite. Ciao…

Ludwig Witt.”

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