Nouvelles d'un lecteur/trice
Quand on lit cette hyperfiction qui s’inscrit sous forme
de blogs, on se dit que l’auteur a peut-être besoin que le lecteur/trice le
contacte (qu’il soit occasionnel ou régulier). Et le lecteur/trice) peut
prendre ça comme un jeu qui lui est offert ou comme une façon de dire à l’auteur
que «quelqu’un lit».
Ce qui m’ennuie un peu dans l’hyperfiction c’est le côté
combinatoire (dit la lectrice) et le manque de vibration qui en découle même si
le lecteur/trice admire la démonstration et l’infinité de possibilités dues aux
ramifications et parfois les mots prennent un sens particulier pour le lecteur
et en cliquant au hasard sur un nom ou un mot dans la colonne de droite on peut
trouver un certain plaisir et même de l’étonnement à aller à la découverte du
labyrinthe et les photos de l’auteur (le héros?) sont là pour nous rappeler qu’un
(ou plusieurs) être humain palpite quelque part au-delà des interfaces et que
cet humain là aime à rappeler qu’il est l’auteur et qu’il mène à bien son
projet tout en le faisant évoluer même si les machines participent et c’est
plus excitant pour le lecteur/trice (qui n’est pas encore une machine) de voir
que l’auteur a ses faiblesses qu’il est humain, et que de temps en temps il s’amuse
et qu’il ne fait pas seulement une construction intellectuelle, une démonstration
par la preuve froide et rigoureuse et l’auteur, en proposant une hyperfiction
comme une démonstration labyrinthique et c’est plutôt réussi à travers
différents blogs, donne l’occasion au lecteur/trice de jouer avec l’auteur en
commentant (mais peut-être qu’au fond l’auteur se fout de l’opinion de ses
lecteurs, que seule compte la délivrance des mots et des images, leur
expansion) et les combinaisons aléatoires de mots, d’images font plus d’effet
dans une expression poétique que dans la construction d’une fiction (enfin, c’est
un commentaire subjectif, forcément) et le lecteur/trice aime à penser que certaines
phrases ou réflexions sont parfois l’expression de l’intervention de l’auteur
et pas seulement le résultat d’un tirage au sort et il est amusant d’écouter simultanément
les différentes propositions de «Balpe et sons».
Le lecteur/trice aime beaucoup «les carnets d’Oriane» et
ses questions (qui se font rares de temps en temps) et ce qui pousse le lecteur/trice
à lire au jour le jour relève peut-être tout bêtement de l’effet feuilleton (vieux
comme le monde) et il y aurait comme une attente du lecteur/trice d’une
surprise quand le feuilleton ronronne (une forme nouvelle, des mots étranges, etc.
Le lecteur/trice ne s’attend pas encore à voir surgir l’auteur hors de l’écran,
évidemment, ni à voir se dérouler des scènes associées aux mots) et l'auteur n’existe
pas sans lecteurs et…
Personne ne saura jamais comment il faudrait raconter ça
à la première ou à la deuxième personne du singulier, ou à la troisième du pluriel,
ou en inventant au fur et à mesure des formes nouvelles, mais cela ne servirait
à rien. Si l’on pouvait dire « je vîmes monter la lune; ou j’ai mal au
fond de nos yeux, ou, en particulier, toi, la femme blonde, étaient les nuages
qui passent si vite devant mes tes ses notre votre leurs visages ».
Seulement voilà… Puisqu’il faut raconter, l’idéal serait que la machine à
écrire (j’écris à la machine) puisse continuer à taper toute seule et moi,
pendant ce temps, j’irais vider un bock au bistro d’à côté et ce n’est pas
simple façon de dire. L’idéal en effet, car le silence qu’il faut raconter est
celui d’une autre machine, une Contax 1,2 et il se pourrait bien qu’une machine
en sache plus long sur une autre machine que moi, que toi, qu’elle (la femme
blonde) et que les nuages. Mais je n’ai même pas la chance qui sourit aux
innocents et je sais bien que si je m’en vais, cette Remington restera pétrifiée
sur la table avec cet air doublement immobile qu’ont les choses mobiles quand
elles ne bougent pas. Donc, je suis bien obligé(e) d’écrire. (Les fils de la
vierge, Julio Cortazar)
Bon, j’ai assez «contacté l’auteur» pour aujourd’hui. Du
moins je le crois…
Loups et agneaux