sur le flot d'un torrent
Ma vie est un bordel. La vie… toute vie, toute la vie… est un bordel. On ne maîtrise
rien. On croit décider, on
fait des choix, on se prépare,
on travaille et le hasard vous rattrape: une maladie, un accident, une
rencontre, un chien qui traverse la rue, un papillon qui bat des ailes, un
tremblement de terre, une éruption
volcanique, un fer à repasser
qui tombe d’un quatrième étage
: tout change, on meurt ou on est obligés
de prendre une autre direction, de tout ou d’une partie du tout à revoir dans ses prévisions, ses espoirs, ses attentes,
ses haines, ses amours… Rien n’y fait, on ne maîtrise vraiment rien. L’avenir n’est jamais assuré; il arrive souvent qu’on ne
comprenne rien au passé.
Se laisser faire. La position bouddhiste du plus petit
mouvement possible ou, au contraire, celle de l’agitation
absolue ? Faire est aussi se laisser faire: il n’y
a pas de solution au chaos général.
Après tout,
même si ma vie n’a pas été
exactement celle qu’en raconte
Jean-Pierre Balpe, à un niveau
donné de perception il n’y a pas vraiment d’erreur, de tromperie ou de mensonge.
Je n’ai peut-être pas vécu telle ou telle aventure qu’il rapporte, mais si on suit la ligne générale
de son récit, il n’est pas loin de la vérité
: branche tombée sur le flot d’un torrent, j’ai, sans y avoir vraiment compris
quelque chose, toujours été ballotté d’un
incident à l’autre. Nos vies sont ainsi faites,
et son existence qui paraît
plus calme a-t-elle été vraiment différente?