Une immortalité minimale
Je suis assez satisfait de penser qu'à l'abri de la
plupart des regards, dorment partout, enfouies dans les diverses mémoires de la
multitude des serveurs qui constituent le monde Internet, des fragments de
pages que personne ne lira certainement jamais mais qui constituent,
certainement pour de très longues années, une forme larvaire de survie minimale. L'idée que ce que j'ai pu écrire un
jour, sur une impulsion quelconque, n'est plus seulement un imaginaire d'écriture mais
a pris corps, s'est transformé en signaux qui ont été enregistrés quelque part (je ne sais évidemment pas où figurent
physiquement ces lignes que je suis en train d'écrire) et vont peut-être, un jour
(qui sait?) rencontrer un lecteur, m'apporte une grande satisfaction.
Je sais ainsi que j'ai contribué à faire connaître
Jean-Pierre Balpe et que, sur ce plan au moins, notre polémique n'aura pas été inutile.
Essayant de me survivre, je propose en même temps, cette forme élémentaire de
survie à tous ceux dont je parle. J'imagine un collectionneur, un chercheur du
futur qui, tombant par hasard sur cette note s'amuserait à en suivre les liens
puis les liens des pages où ils seraient amenés, ainsi de suite presque à l'infini: une rencontre fortuite d'intellects et de curiosités.
Pourquoi n'aurais-je pas, aussi, le droit de rêver?