Consultation dans la forêt
Dans le fourré d’attente, Zabre et X…
restent muets, embrouillés dans leurs trop personnelles réflexions, neurones
encombrés de circulation d’informations en tous sens formant brouillard sans
feu de croisement, on pourrait presque croire qu’ils somnolent tant ils sont
immobiles, comme tétanisés par leur trop de pensées… Yvré, averti par le son de
cloches, clochettes, sonneries, alarmes et autres grelots disséminés ça et là
dans les fourrés pour détecter les présences passantes ou la venue de
consultants, ne s’attend pas à trouver X… et zabre lorsqu’il ouvre la barrière
d’épineux (genêts, fragons, ajoncs, pallenis et autres chardons…) qui, dans le
buisson d’attente, ferme l’accès à sa tente. Cependant, il se doute bien un peu
de la raison de leur visite car les renseignements que lui fournissent
régulièrement Yann de Guillet de Laforce-Latour, curé de la paroisse, lui ont
appris que ces deux personnes sont — ou se prétendent — tous deux
alchimistes. Confrères ou concurrents ? Il ne le sait encore. Il les fait
donc entrer avec une certaine courtoisie, peut-être un peu exagérée mais, dans
le doute, miuex vaut toujours choisir la solution la plus basse. Du moins telle
est une de ses règles morales.
Discussion. Préliminaires variés :
le temps, la pêche, la cueillette des champignons, les touristes, les aléas du
commerce, enfin le monde comme il va, l’actualité locale… enfin le MRA. Avant même
d’entamer le sujet, tous trois ont perçus qu’ils étaient sur le même flot d’ondes
spirituelles : — Faut faire quelque chose, avance Zabre. — Tout à fait d’accord,
acquiesce Yvré. — Je ne peux qu’approuver une telle position, renchérit Yvré,
il faut faire quelque chose. — D’autant que les autorités, comme la plupart du
temps d’ailleurs, semblent incapables d’assurer l’ordre, ajoute Zabre. —
Croyez-vous, dit Yvré avec son plus beau sourire ironico-sardonique, je pense
que vous vous trompez. Je suis justement en rapport avec le garde champêtre et
je peux vous assurer qu’il n’est pas inactif.