Recherches à la bibliothèque
Pour l’heure, le Professeur Blaise Carver est décidé
à essayer de percer le mystère des textes cachés. Blaise est persuadé qu’il n’y
a que trois hypothèses possibles :
— les textes ont été rédigés
par Kharamidov et sont inédits, auquel cas il n’y en aura pas d’autre trace
dans le réseau,
— ces textes sont des
traductions inédites faites par Kharamidov lui-même : avec un peu de chance et
de réflexion, en faisant appel au réseau des universitaires littéraires, il
finira bien par trouver d’où ils proviennent, même si ça risque de prendre
quelques jours,
— ces textes ont un
auteur qui n’est pas Kharamidov et ont été écrits en français : dans ce cas,
ils figurent obligatoirement quelque part dans le réseau.
Cette hypothèse est la
plus facile à vérifier, aussi Blaise décide de commencer par elle. Il ne connaît
dans le monde que quatre grandes bibliothèques proposant des bases de données
en langue française de plusieurs centaines de milliers d’ouvrages: Genève,
Paris, Bruxelles et, paradoxalement, Washington. Il suffit de les interroger
toutes les quatre en faisant rechercher dans leurs fichiers les textes que
Carver a pu dégager des dessins. Blaise, demandant la transmission du fichier détecté,
envoie les quatre textes aux serveurs des bibliothèques.
Dans la minute qui suit,
la Bibliothèque Nationale de France répond :
Textes cherchés :
1.“Le souvenir du
vrai est vaste et quand je le rappelle ma langue a la douceur du miel je me
change en esclave alors mon cœur bat des ailes comme l’oiseau qui veut
s’envoler”
2.“Ma vue a baissé,
mon cœur vole au ciel ma vie passe mes passions fuient la mer qui m’est intérieure
tempête arrivant quelque part fatiguées les caravanes s’arrêtent et me révèlent
l’avenir”
Extraits d’un ghazal
de Hodja Ahmad Yassavi, poète de langue turque d’Asie Centrale (vers 1105-1165):
“Le souvenir du vrai
est vaste et quand je le rappelle, ma langue a la douceur du miel je me
change en esclave. Alors mon cœur bat des ailes, comme l’oiseau qui veut
s’envoler
Ma joie a changé, mes
affaires ont changé, ma tête est triste, mon âme m’abandonne, la conscience me
manque, mes larmes coulent: les paroles de la Vérité m’emplissent corps et âme.
Que la Vérité m’ouvre le chemin !
Ma vue a baissé, mon
cœur vole au ciel, ma vie passe, mes passions fuient, la mer qui m’est intérieure
tempête. Arrivant quelque part, fatiguées, les caravanes s’arrêtent : elles révèlent
mon avenir.