De Jérôme Charyn à Isadora Underhill

L'air enfin frais prend une transparence de voile, chaleur lourde, Saint-Aignan-le-Jaillard semble isolée du temps et de l'espace - le soleil pèse sur mes épaules.

Jugez Isadora de mon doute; je suis au désespoir, l'esprit n'imite pas toujours les expressions du coeur, et peut-être que le mien n'est plus assez heureux pour parler avec grâce. Si vous ne m'aimez pas, ne le dites pas, mentez-moi, je vous en prie; atressi con Persavaus, el temps que vivia (comme Perceval je suis) - je vous ai dit mille fois que je vous aimais - n'êtes-vous pas une envoyée du ciel, inépuisablement je vais rue G Nadaud espérant vous y trouver encore… L'unique moyen de me délivrer de tant de tourments est de vous rapprocher de moi… je veux vous forcer à aimer.

Je suis à Saint-Aignan-le-Jaillard. Chemin des Ourtets… quelle lettre Isadora et quel charmant procédé… j'écris toujours de Saint-Aignan-le-Jaillard, je vais au bord de l’eau; je suis parti sans avoir eu le temps de dire adieu à personne; je tremble quand j'y pense… l'amour que j'éprouve pour vous m'effraie - l'absence qui est pour les vrais amants un supplice abominable, n'est-elle pour vous qu'un repos, ma passion ne peut plus attendre. Si vous m'aimiez autant que je vous aime, vous ne douteriez pas de mon élancement - je suis à vous… mon amour s'inquiète de tout, dans la lettre d'amour l'imaginaire occupe sa place; je vais sans savoir où je vais, et pourtant sûr de mes pas comme si une volonté insoutenable me menait. Images - restes de temps enfui.

Dieu que j'ai d'ennui à finir - je ne vous ai jamais tant désirée. Je vous écrirai tous les jours - pourquoi, toujours occupé du soin de vous plaire, je ne trouve pas le même retour.

Jérôme