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Écrits de Marc Hodges
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28 février 2010

Le capitaine nounours (Princesse Leïla 07)

Au cours du temps, Benito s’était créé un costume de nounours qu’il prenait grand soin de renouveler chaque fois que, ses vêtements devenant trop usés ou trop petits, il devait revêtir une autre tenue. Il cousait ainsi sur ses habits extérieurs une toison serrée dont chaque nounours formait comme un poil. Devenu adulte, n’ayant plus besoin d’acheter des vêtements plus grands, il s’était créé dans un tissu de bâche quelque chose comme une fourrure faite d’une couche serrée de nounours et ne sortait jamais de chez lui que vêtu de cette armure-talisman. Les habitants de la région lui avaient ainsi donné le surnom de «capitaine nounours». Le titre de capitaine venant d’une casquette, à l’origine de marin, qu’il avait orné de la même façon que son vêtement principal et provenant certainement de son passage sur un cargo lorsqu’il avait quitté son Vénézuela natal.

C’était un être très simple — les mauvaises langues le disaient «simplet»— très pacifique, au visage un peu rond et légèrement rougeaud, aux yeux très verts, aux cheveux très roux s’harmonisant parfaitement avec la couleur de ses fétiches, parlant le français et le breton avec un accent prononcé d’Amérique du Sud. Son arrivée à Huelgoat était pour tous une évidence: il n’était pas là puis, un jour il avait été là. Personne ne saurait dire exactement comment. Le matin d’un jour de marché il était apparu sur la place, rôdant entre les étals, mendiant une pomme, quelques noix, une crêpe, deux pommes de terre, proposant en échange des manuscrits de poèmes enfantins et naïfs sur la vie, la mort, l’amour, l’amertume, la mer qu’au début personne ne voulait accepter. Puis, comme il était toujours là, il avait fini par se renseigner ave discrétion sur les habitants et ses poèmes, toujours aussi naïfs et enfantins, s’étaient adaptés à leur environnement : le jour de l’anniversaire du marchand de légumes, il lui proposait un poème d’anniversaire et de légumes ; quelques jours après la naissance du petit fils de la poissonnière, il lui apportait un poème de bienvenue au monde… Sans bruit, avec naturel, il s’était ainsi fait accepter de la population qui le considérait désormais comme un poète, c’est-à-dire un individu hors-normes, original, étrange mais plein de créativité.

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