Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 764
Archives
16 décembre 2009

cryptage et décodage

Jamais Irina et Jeff n’échangent en clair sur le réseau des messages contenant des informations confidentielles. Ils ont convenu d’un système de cryptage simple, efficace : à double clé. Le cryptage du second message dépend d’un message précédent qui renferme la clef d’interprétation. Le fait que le premier message contienne une citation de poète signale à Jeff qu’il doit utiliser une transcription numérique. La clef est le début de la citation. La citation commençant par “M”, l’algorithme utilisé réduit cette lettre à sa minuscule: “m”. Cette lettre reçoit sa valeur dans un code convenu, ici 109. Dans ce code la valeur de “a” est 97… Il y a une différence de valeur 12. Chaque lettre du message est codée comme si “m” était le début de l’alphabet, c’est-à-dire en ajoutant 12 à sa valeur dans le code: “b”, 98 devient 110, donc “u” ; “c” devient “v”, “P” devient “\”, etc. Pour traduire, il suffit de faire l’inverse: enlever 12 à la valeur de codage des caractères reçus:

“from irinak@perso.siber.ru to jeff@rom.univ-sorb.fr

12/22/15 11:23

Pour pénétrer l'ordinateur de la police de Montréal, le mieux est de passer par Interpol Genève: http://cdsweb.uninter.geneve… La clef primaire du Directeur Général est 44324576. Il s'agit alors de se faire passer pour lui. Tu as accès à tous les fichiers ouverts à Interpol, suffixe *.cfr. Tu es dans la place… À toi de jouer… Je peux continuer à t'aider si tu veux !

Le procédé est naïf mais difficile à déchiffrer si l’on ne connaît ni la clef de départ, ni la police de caractères, ni la langue utilisée… Ça suffit à protéger des curieux ordinaires…

Irina a toujours été amusée par le paradoxe du réseau. Les bases de données, qui contiennent des quantités d’informations confidentielles ne sont que rarement cryptées. Il suffit de parvenir à y pénétrer pour faire son marché. Les messages, plus volatils, qui ont statistiquement moins de chances d’être interceptés, sont très souvent cryptés, beaucoup avec des algorithmes indéchiffrables si l’on ne possède pas les clés. Les inventeurs d’algorithmes de cryptage sont poursuivis par les états s’ils publient leurs travaux considérés comme “secret défense”… Tout le paradoxe de l’information est là. Plus un système d’information est protégé, plus il restreint la créativité. Par définition, une information cryptée ne peut atteindre que peu de personnes. Elle n’entre pas vraiment dans le circuit de production d’information nouvelle. Or les bases de données n’ont d’autre intérêt que celui de permettre de générer d’autres informations. Pour cela elles doivent être ouvertes à un nombre d’utilisateurs suffisant. Il est donc aberrant de les crypter. D’une part parce que ça coûte cher ; d’autre part les clés de déchiffrage doivent être communiquées à trop de gens pour être sûres… Irina s’amuse à penser que la sécurité qu’elle vend, les systèmes de protection, sont contradictoires à la logique même du réseau. La meilleure protection serait de laisser tout accessible à tout le monde. Comment mieux cacher un brin de paille que dans une meule ?…

Ça l’amuse. Elle retrouve sa fraîcheur d’enfance, lorsqu’elle jouait à écrire avec du jus de citron des messages secrets révélés en chauffant la feuille de papier à la flamme d’une bougie… Comment mieux se distraire un peu en cette journée sinistre où la solitude est plus dure que n’importe quel autre jour, qu’en éprouvant les systèmes de sécurité de cette police de Montréal qui intéresse son ami Jeff. La journée passera très vite…

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité