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Écrits de Marc Hodges
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13 décembre 2009

un chant religieux envahit l'église

« …et ce fut comme si les voûtes allaient éclater, un flot brutal de percussions déferla sur l’assistance, un tsunami de sons noyant tout autre son sous son impérieuse violence ; brusquement, tant la puissance des haut-parleurs dissimulés sur les chapiteaux des travées était grande, l’ensemble de l’édifice, éveillé d’un assoupissement millénaire, parut vibrer, il semblait que les vieilles pierres exsudaient du son, qu’elle en produisait, en reproduisait en se le renvoyant de l’une à l’autre, le répercutant d’une pierre à l’autre, d’une colonne à l’autre, d’une voûte à l’autre dans un rebond-ricochet absolu… »

Aussitôt, Jim Wollans élcetrise la foule, béate.
Dans sa niche, le bon Saint Yves, ébloui par les projecteurs apocalyptiques, garde cependant toute sa dignité.
Bientôt, peu à peu, au rythme lent de « Sometimes I feel… », toute la dentelle s’anime d’une excitation croissante, se déchaînant brutalement lorsque, avec fougue, l’artiste s’empare de « réveille-toi… ». C’est extraordinaire ; même dans ses mitaines, tape la baronne de Lacroix-Turpin.

Armelle, elle, s’est réfugiée contre un pilier du chœur où Serge et Robert la protègent ; elle se sent vaguement gênée de cette invasion du son et du soi-disant modernisme dans un lieu qui représente toujours, pour elle, l’enfance, le calme de son enfance, la pondération, la régularité de sa vie d’enfant avec la solennité tranquille des dimanche et des jours de fête, avec le mystère assoupissant de ses messes rituelles mesurant le temps comme autant d’événements mémorables et naturels. Bien qu’athée maintenant, l’église est toujours pour elle un lieu sérieux et de refuge, de recueillement, un lieu où le silence permet de se concentrer, se remettre sans cesse en cause ; il lui semble être témoin d’un viol, du viol de toutes les âmes chrétiennes du monde. Le fait que l’assistance semble consentante finit de l’effrayer : elle devine que le village se donne aisément bonne conscience, tolérant des réformes superficielles qui ne remettent absolument pas en cause sa façon quotidienne de vivre.

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