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Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
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6 décembre 2009

Un spectacle mystique

Le père Itif, aumônier des scouts et scoutes, après en avoir chassé les enfants, monte alors en chaire. Miraculeusement (car Dieu est un grand communicant qui sait intervenir dans les grandes occasions ou lorsque le besoin s’en fait sentir), il obtient le silence pour présenter son saint spectacle: «…l’église s’ouvre désormais au monde moderne, elle a ses blogs, ses sites internet, ses spectacles, son œcuménisme, elle aime tout le monde… il faut dépoussiérer l’ancienne liturgie pour ramener plus de ferveur, d’authenticité dans nos rapports quotidiens à Dieu, ne pas hésiter à lui envoyer des mails quotidiens, prier sur les sites consacrés, se connecter à distance avec des âmes pures… pourquoi ne pas accepter avec humilité les expériences d’autres races (pardon, peuples, cultures, civilisations…), pourquoi ne pas essayer de retrouver la fraîcheur et la spontanéité de nos frères noirs (pardon÷ de couleur), leur naïveté même. Souvenez-vous: «Heureux les simples d’esprit car le royaume des cieux leur est ouvert…». Aussi je vous demande d’assister, non à un spectacle que vous accueilleriez en spectateurs détachés et critiques, mais de participer avec ardeur à la messe, d’accepter la prière au plus profond de vous, de faire corps avec le sacrifice du Christ, de communier dans la ferveur la plus grande, de vous identifier au prêtre intercesseur…»

Toute l’assistance — ou presque — se sentait pleine de bonne volonté, prête à tenter l’expérience mystique. Ça se voit à la concentration attentive des visages. Les enfants eux-mêmes ont pris conscience de la tentative et, encouragés par les claques des pères et mères, cessent de se ronger les ongles, gratter l’anus, se curer le nez, sucer leur pouce, mâchouiller des chewing-gum, brailler, renifler, se moucher dans leurs doigts, se tripoter le sexe, tirer la langue à tout va, pincer leurs voisins ou voisines, donner des coups de pieds dans les tibias les plus proches, se rouler par terre…

L’artiste Jim Wollanssuccède alors à l’aumônier et, encadré de deux splendides angelots dont la féminité du sexe pas plus d’ailleurs que la nécessaire négritude mise en valeur par la blancheur immaculée de la longue tunique ceinturée d’or qui les vêt, ne font aucun doute, se présente à son tour en chaire. Dans le fond du chœur l’orchestre attaque les premières notes.

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