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Écrits de Marc Hodges
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11 novembre 2009

Le trésor de La Beude

On se souvient peut-être que Wilfrid et son copain ont trouvé chez La Beude une dame-jeanne remplie de Louis d’or. Il y en a pour une fortune même si, au moment de la découverte, ni Wilfrid, ni son complice — ni d’ailleurs Ulf qu’ils mettent plus tard au courant — ne savent exactement ce que signifie « une fortune ». Mais comme leurs intérêts dans la vie ne vont pas vers l’argent, ils décident très vite de partager les pièces en quatre : deux parts pour Wilfrid (qui ne sait pas qu’en faire), une part pour Ulf (qui ne va pas tarder à s’acheter une caravane d’occasion moins vieille que celle dans laquelle elle vit), y cacher le reste ses pièces qui disparaîtront presque totalement dans la destruction de sa caravane lorsqu’elle mourra à son tour ; et une dernière part pour leur copain qui va, très lentement se faire voler par des filles de joie qui, elles, comprendront très vite la valeur de ses pièces et sauront, entre deux fellations, les lui soutirer avec ardeur. Ce « trésor » a une histoire rocambolesque qu’aucun des trois personnages ne connaîtra jamais.

Ce qui n’est pas le cas de l’auteur qui, comme tout lecteur s’en doute, sait tout sur tout de ses personnages, de leurs contextes, de leurs relations, arbres généalogiques, maladies, vices, désirs, fantasmes, passé , présents et à venir, etc. etc.

Donc : La Beude avait un père, une mère certainement aussi mais elle ne l’avait jamais connue. Ce père, qui s’appelait Édouard Cline (père par ailleurs d’un certain Jake Cline que La Beude n’aura jamais connu) était poète de profession et, de temps en temps, brocanteur, ramassant ce qu’il trouvait où il le trouvait puis essayant, parfois, lorsqu’il n’était pas pris d’une inspiration subite ce qui exigeait qu’il travaille dans le premier bistro venu, de le vendre dans les multiples foires à la brocante de sa région. C’est ainsi qu’un jour, une des connaissances de comptoir, lui apprit que l’hôpital de Lodève, alors tenu par des religieuses, avait décidé, pour grandir sa pharmacie, de jeter tout ce que contenait son ancienne librairie. Édouard monta dans sa 2 CV Citroën et se précipita à Lodève. Il alla à l’hôpital, demanda la Mère Supérieure qui lui confirma la véracité de cette information et, contre un modeste don aux œuvres de son couvent, fut ravie qu’il l’aide à débarrasser sa pièce des centaines de livres anciens dont personne ne voulait. Édouard ne fut pas enchanté de constater qu’il n’y avait presque que des ouvrages des XVI ème, XVII ème et XVIII ème siècles car il n’y connaissait rien et ne savait pas trop à qui vendre tout cela. Il en remplit malgré tout sa voiture. Ce qui pourtant l’intéressa davantage c’est qu’il y avait aussi dans la pièce d’autres objets plus vendables : trois dame-jeanne emmaillotées d’osier, quelques bols et pilons de marbre, quelques bocaux de faïence ou de verre plus ou moins ébréchés, des photos mal encadrées, des gravures de plante, etc. Il emporta le tout qu’il remisa comme d’habitude dans le désordre le plus complet au fond de sa grange entrepôt qu’il partageait avec de nombreux mulots et araignées. Au cours du temps, il vendit quelques uns de ses objets, parfois même des livres mais, lorsqu’il mourut d’une pneumonie attrapée pour avoir dormi sous la neige une nuit où une trop forte inspiration l’avait amené à boire plus que de coutume, un certains nombre d’entre eux lui restaient. Son fils Jake ne sut jamais que son père était mort ; c’est La Beude qui hérita de tout le fatras que, par pitié filiale, elle entassa dans sa maison sans plus s’en soucier. C’est ainsi que la dame-jeanne au trésor, dont personne ne s’était occupé pendant quelques siècles, vint entre les mains de Wilfrid et de ses compagnons.

Quant à l’origine réelle de ce trésor, c’est une autre histoire.

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