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Écrits de Marc Hodges
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11 octobre 2009

José Morelos

José Morelos occupe une caravane proche de celle de Wilfrid. Il est arrivé là un matin, très tôt, est allé voir je gras gérant du camping municipal qui ouvrait son café-restaurant-tabac-épicerie, s’est présenté comme José Morelos. A vrai dire le patron s’en foutait : il n’a jamais demandé leur identité (encore moins leurs papiers) à n’importe lequel des occupants plus ou moins temporaires de son camping. José, un homme grand, carré, épaules larges, visage marqué des nombreuses rides que creuse la vie de ceux qui ont vécu des vies variées et difficiles, n’avit sur lui qu’un jean, un tee shirt délavé où pouvait se lire en lettres rouges sur fond vaguement blanc les restes de la phrase « la vida es » comme une question posée au monde entier. José commande un café au patron qui, à son habitude, grommelle des mots incompréhensibles et le sert, semble-t-il, à contre-cœur. José prend une des chaises que le patron vient d’installer sur la terrasse, s’installe à une des tables qui accueille le soleil levant et sirote avec une extrême lenteur sa tasse de café noir tout en ignorant les va-et-vient du patron que ce personnage n’intéresse pas plus que les dizaines d’autres qui fréquentent chaque jour son camping.

José reste ainsi environ, puis se lève, se dirige vers le bar où le patron est en train d’essuyer méticuleusement des verres : — Est-ce que vous auriez quelque chose à louer ? — Ça dépend quoi. — N’importe quoi, je suis seul et pas très exigeant.


Le patron le regarde un peu plus attentivement, il a l’habitude de ces espèces d’aventuriers qui vont et viennent, errent d’une tente à un squatt, d’un squatt à la rue et se posent plus ou moins longuement dans son camping. José lui paraît sympathiqe. Il a l’air fauché mais, dans son camping c’est plutôt la règle et, pourvu que ses locations soient payées, il n’en a rien à faire : — En ce moment j’ai bien une caravane… — Ok, ça me va… — Je vous avertis elle est en assez mauvais état, elle a été abandonnée par un groupe de roumains qui est parti sans prévenir et sans me payer. Je l’ai laissé telle quelle et pratiquement jamais louée… — Ça m’ira très bien. Combien ? Le patron réfléchit, il n’avait jamais vraiment pensé à lourde cette caravane sale et en mauvais état, n’avait jamais essayé de la vendre parce qu’il savait que c’était impossible… 100 Euros par mois, ça vous irait ? — Ça m’ira, dit José. Il tire d’une des multiples poches de son sac un vieux portefeuille, en tire un billet de cent euros, le donne au patron : — Vous pouvez me montrer où est cette caravane ?

 

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