De la norme
Je suis toujours surpris de la relation collective
"normale" devant le sexe: d'une part c'est une réalité totalement et
constamment présente, au travers de remarques, plaisanteries… dans la
plupart des conversations quotidiennes, d'autre part c'est une
préoccupation évidente d'une grande part de la population. Pourtant
l'acceptation du fait sexuel reste difficile, la plupart des pratiques
qui y sont liées sont rejetées dans le bizarre, le marginal, l'anormal.
Parler d'éjaculation, de fellation, de masturbation ou d'introduction
anale est considéré comme pornographique — les mots eux-mêmes dérangent
—, ce qui veut dire rejeté dans un domaine que l'on ne peut évoquer
qu'avec honte et, de préférence, en se cachant; parler de sexe avec des
enfants (et je ne fais pas allusion ici à une quelconque pédophilie
rejetée dans les pratiques au mieux primitives au pire criminelles,
mais de parole seulement, d'éducation…) est inadmissible…
Pourtant
que sommes-nous sans sexe, que sont les plaisirs de l'existence si nous
sommes privés de ceux — primaires certes, rapides en effet, mais
intenses et infiniment renouvelables — que nous apporte la pratique
sexuelle. Seules des conduites abhérantes rejetant la vie dans un
en-dehors du monde utopique osent décréter que l'abstinence est
nécessaire. Le sexe est la vie, crée la vie, motive l'espèce à se
prolonger dans une projection infinie car sans cela chaque existence se
ferme sans espoir sur elle-même.
Avoir désir de sexe n'est en rien une aberration, c'est ce qui fonde l'homme et le constitue en tant qu'espèce sociale.