Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 755
Archives
8 juin 2009

Au-dessus de Mativet, 20 heures 25

Bréauté sent dans l'air la présence impalpable du calme. Il a l'habitude de ces soubresauts. Il respire à pleine poitrine comme quand on boit, il a peur de regarder en lui, rêve orages, tempêtes, tornades, dévastations, veut n'être rien et rien d'autre que ce rien. Il fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant et après les choses d'après. Il note et s'arrête. Il attend, songe, se souvient, se tait et se souvient. Le ciel est absolument pur, ce qui fait défaut, c'est le souffle… Seules les mouches sont partout présentes. Un vol lent de corbeaux s'arrache du sol lourd comme une seule masse. Les choses ne lui sont pas muettes. Il s'enthousiasme du spectacle de la campagne et tourne cependant en ridicule dans sa tête les évocations qu'elle lui inspire. Rien ne passe, pour qui ne passe pas. Dans sa timide pudeur, le paysage bronche, se dérobe. Les choses ne sont pas toutes aussi saisissables, aussi dicibles qu'il aurait aimé le croire. Qu'est-ce que l'homme pour qu'il ose faire des projets? Etre toujours aux commencements !… Il a envie de prononcer des phrases rudes et grossières comme le décor où il se trouve, mais toute sa dérisoire culture s'interpose, l'entraîne vers cette joliesse qu'il déteste tant. Il n'y a ici rien à voir… rien à observer. Dans les buissons épars s'agite le vert tendre des mésanges. Tout lui parle, il voudrait parler de tout. Il connaît assez bien ses possibles. Il continue à scruter le fond de la vallée de sa mémoire. Il voudrait pouvoir décrire toutes les formes de ce monde. Il rêve que le spectacle a tout d'une image. Toute joie se veut elle-même.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité