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Écrits de Marc Hodges
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4 mai 2009

Près du balcon du Vertige, 18 h 11

Il aime ces lieux muets, fermés sur eux-mêmes. Ses pensées sont confuses, mêlées. Il cherche dans la solitude le chemin qui mène à lui-même. Il ferme les yeux. La couleur des choses passées, aimées, ne quitte plus son imagination. Trop de choses étranges pèsent sur ses épaules. Dans les lointains tremblés de soleil du plateau, le sol est d'une grande pâleur, tous les tons exténués s'étalent ici à perte de vue. A quoi sert d'évoquer les oiseaux lorsqu'on ne les voit pas. Il n'ignore pas se tromper se voulant la mémoire de lieux qui, exclus de tout temps, ne réclament nulle mémoire. Il aime la vie, n'aime que la vie. Il aime la liberté et l'air sur la terre fraîche. Il reconnaît tout, se souvient de tout, sourit à tout avec une sorte d'affection lointaine. L'inconnu autour de lui le regarde d'un œil pensif. Dans ses hauteurs, le ciel est d'azur. Il a le cœur déchiré. Il s'interdit de perdre totalement l'espoir. Il continue à scruter le fond de la vallée de sa mémoire. Un petit oiseau vole devant lui, pas plus gros qu'une tâche d'ombre sous l'une quelconque des fleurs du paysage. Il y a longtemps qu'il a fait retour en arrière. Un vieux chien noir-blanc le suit comme une ombre, seul son halètement rythme le temps. Le coassement d'un corbeau trahit l'épaisseur du malheur.

Le vol des oiseaux est merveilleux. Les morts se relèvent pour lui. Le présent est en lui ; ou il n'est nulle part… Rien ne passe, pour qui ne passe pas. Il rêve que les hommes ont abandonné les contrées où la vie était dure car ils avaient besoin de chaleur. Il ferme les yeux. Le silence lui est suspect. Un peu plus, un peu moins, c'est beaucoup, c'est même l'essentiel. Tout lui confirme qu'il est arrivé à son but. Sa conscience d'exister s'accompagne de la crainte de mourir. A cette heure, c'est le désert et le silence. Chacun ici se sent important et unique au risque d'en mourir. Une horloge sans fin sonne en sa tête. Des nuages pommelés couvrent à demi le ciel, leur frange supérieure découpe doucement le soleil. Il se souvient de ces tendelles qu'avec délectation il dissimulait sous les genévriers.

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