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Écrits de Marc Hodges
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21 mars 2009

Gymnastique du désir

Comme le temps passe; comme nous passons…

Il y a déjà presque deux mois que j'ai commencé à vous raconter comment j'avais eu un véritable éblouissement en découvrant dans la bibliothèque secrète de mon grand-père un certain nombre de livres érotiques (je vous en donnerai un jour la liste) dont un, "Jeux des nuages et de la pluie" dont les gravures ont impressionné avec force l'imaginaire érotique de mes onze ans… Je ne suis même pas loin de croire qu'elles ont orienté, par la suite, une grande part de mes fantasmes et de mes recherches dans le domaine du plaisir.

Je me souviens notamment d'une d'entre elles qui m'avait beaucoup intrigué au point que j'en avais fait, au crayon de couleur, une copie — maladroite certes — que je possède toujours dans une de mes caisses de souvenirs. Si je la retrouve, je la mettrai en ligne. En attendant, si les mots peuvent d'une certaine façon compenser le manque de vision, je vais essayer de vous la décrire: je crois qu'elle éclairera beaucoup les confessions que je fais ici.

Il s'agit d'une peinture sur soie rectangulaire (côté horizontal plus grand que le vertical) du XVIII ème siècle intitulée "L'escarpolette". Sur la gauche, un homme portant quelque chose comme une robe de chambre bleutée et des jambières mais la robe de chambre est ouverte et toute la face de son corps est dénudée ce qui permet de mettre en évidence un sexe bandant qu'il tend en avant en se cambrant légèrement. Le regard de l'homme porte sur son sexe.

La partie de gauche de la gravure présente trois jeunes femmes complètement vêtues et dont on ne voit que les mains et le visage. Deux de ces jeunes femmes ont les bras en avant car elles contribuent à pousser un escarpolette dont le mouvement principal est donné par la troisième à l'aide d'un long ruban rose. Cette escarpolette est le sujet principal et occupe donc, avec logique, le centre de la peinture.

Sur l'escarpolette, une autre jeune femme, avec de tous petits pieds, ne portant qu'une tunique rouge ouverte. Elle se tient aux cordes qui portent l'escarpolette. Celle-ci n'est pas constituée d'une planchette, comme il est d'usage mais de deux lanières formant boucle qui soutiennent la jeune femme au niveau du creux des genous, tandis que le ruban rose que tire et relâche alternativement une des jeunes femmes est relié à une ceinture verte divisant son corps en deux partie. Cet ensemble technique donne à la jeune femme une position provocante car, lui écartant les jambes, il fait saillir un petit ventre rond et met en avant l'ouverture assez discrète d'un sexe où un léger trait carmin évoque l’excitation d’un clitoris. Les regards de la jeune femme sont fixés sur le sexe de l'homme qui lui fait face.l'attend

Le sexe de la femme se tend vers celui de l'homme qui l'attend…

C'est cette tension qui dès l'abord m'éblouit car on devine entre ces deux êtres une impatience de désir extraordinaire, l'exercice est difficile et l'on devine que de nombreux frottements vont se produire avant que la copulation puisse se réaliser; on devine aussi que lors même que la pénétration aura eu lieu, le mouvement de l'escarpolette ne pourra aboutir à la satisfaction complète du plaisir de l'un et l'autre qu'après de multiples tentatives d'aller et retour, certaines couronnées de succès, d'autres d'insuccès relatifs. Le désir ne peut, dans ces va-et-vient, que s'exacerber.

Je compris dès lors que l'érotisme, le désir, devaient s'assumer dans une forme de gymnastique, que le corps tout entier devait y prendre sa part et que la part des organes sexuels proprement dits, n'y était que relativement secondaire, qu'il s'agissait de les faire accéder à une plénitude physique telle que leur satisfaction ne pouvait plus être que la polarisation sur leur "pointe" des sensations totales de corps entiers.

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