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Écrits de Marc Hodges
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19 février 2009

A la recherche de poètes

De cette aventure de Peter Peterson, je n’ai donc eu accès qu’à un récit indirect. Comme tel entaché de suspicion chacun, dans un récit, apportant inévitablement sa part d’interprétation ou, pire, d’imaginaire. Mais qu’importe? Quoi qu’il en soit toute vérité n’est jamais que relative.

Ça se passe au Vietnam. Dans la ville de Hué. Peter Peterson est invité à participer à une rencontre officielle des pays francophones — ou anciennement francophones tant cette catégorie tend à fondre. A quel titre? Celui (qui? Je n’en ai plus un souvenir très précis mais… passons) qui me rapporte cette histoire dit ne pas le savoir. Ce qu’il sait (ou croit savoir…) c’est que Peter, à cette époque, s’occupe d’une petite revue de poésie publiée à quelques dizaines d’exemplaires et à diffusion confidentielle intitulée, paraît-il «Hôtel Continental». Il est dit qu’il ne manque pas d’ambitions pour sa revue et que, pour cela, il est à la recherche de poètes de valeur inconnus en France. Il aurait donc accepté d’aller au Vietnam non seulement pour la conférence officielle (mais personne ne sait plus quel en était l’objet précis et ce qui en était sorti) mais pour tâcher de découvrir des voix poétiques intéressantes. A l’époque, c’était dans les années 80, et bien que la lourde présence américaine ait commencé à changer cet état de fait, tous les vietnamiens cultivés de plus de trente ans parlent encore le français.  Aussi dans les intercessions de conférences où Peterson aurait dit s’être ennuyé ferme et avoir commencé la rédaction de son recueil le plus connu, «Quelques réponses à des questions essentielles», (dont il paraît d'ailleurs qu'il l'ait d'abord intitulé "Quelques réponses essentielles à des questions ordinaires") Peterson s’efforce de discuter avec le plus de vietnamiens possibles et à leur faire part de son désir de connaître et, si possible, de rencontrer des poètes vietnamiens, laissant entendre qu’il serait particulièrement intéressé par des poètes ayant écrit après le retrait de l’armée française. Il aurait même suggéré un titre au numéro de revues qu’il voulait faire paraître «Le combat vietnamien». La plupart de ses interlocuteurs, manifestement peu intéressés par son projet, ne lui répondent qu’avec le caractéristique sourire asiatique accompagné de vifs hochements de tête. Ils ne font rien pour essayer de lui trouver un contact quelconque. Peter profite alors des quelques heures de liberté lorsque son absence dans la salle de conférences n’a que peu de chance d’être remarquée pour se promener dans la vieille ville et tenter de discuter avec les très nombreux propriétaires de misérables étalages de livres d’occasion qui se trouvent à tous les coins de rue. Les résultats ne sont pas très probants: la plupart d’entre eux ne parlent qu’un français très élémentaire ou, même, ne le parlent pas du tout. Mais Peter Peterson n’est pas quelqu’un qui se décourage très vite.

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