Jeux de garçons (1)
J'ai raconté dans "découverte érotique
du sexe" comment un condisciple de ma première année de lycée m'avait,
par une simple mimique, donné l'idée pratique de la masturbation. Si
cette première réalité physique me fut une révélation qui enrichit mes
endormissements solitaires dans ma chambre trop vaste, elle fut bientôt
suivie par d'autres.
Ce jeune camarade — un fils de pharmacien
toujours rieur, un peu cancre qui ne venait au lycée que parce qu'il
fallait le faire mais n'attachait pas à sa présence en ce lieu une
importance très grande préférant s'attirer les sympathies des autres
lycéens par des plaisanteries faciles et souvent érotiques — me fit
bientôt aller plus loin dans l'univers du sexe.
Mes parents,
conscients de l'importance d'une vie sociale, m'encourageaient à
inviter souvent dans notre grande villa des jeunes de mon âge. A onze
ans, ne réussissant à pénétrer ni les arcanes de leurs jeux ni leurs
sujets de conversation, je n'éprouvais envers les filles qu'une
attraction très modérée. Aussi mes invités, la plupart du temps
étaient-ils des garçons. Attiré par sa faconde et sa joie de vivre, un
mercredi, j'invitai le fils du pharmacien.
Mes parents étaient rarement à la maison, ils me laissaient aux soins des domestiques: la bonne, le chauffeur lorsque ma mère n'avait pas besoin de ses services, le jardinier, la cuisinière… autant dire que j'étais libre de mes mouvements car aucun d'eux n'aurait osé me surveiller de trop près. Le temps était médiocre, c'était une journée grise, froide, humide de novembre qui n'incitait pas à la promenade. Mon camarade et moi nous jouions dans ma chambre où je disposais d'armées impressionantes de soldats de plastique: nous nous faisions la guerre, utilsant pour cela de petits canons à ressorts qui projetaient de minuscules boulets de mousse. Je ne sais ni qui à commencé, ni comment le jeu a changé de nature, mais de généraux manœuvrant des troupes, nous sommes devenus des combattants directs et avons commencé à jouer à nous battre.