Et Dieu dans tout ça
«Vu l’article 2687 a bis du code municipal.
vus les articles 33, 28375, 295 b du code de la route
vu l’article 1 du codé pénal breton
qui définissent nos droits et prérogatives, nos devoirs et obligations, nous, Pierre Jules Créon Antoine Anselme Ernest Baptiste Théophraste Théodore Breiz, Maire élu et en fonction, nous devons de porter à la connaissance des populations civiles, religieuses, militaires, rustiques de notre commune les faits délictueux suivants ainsi que leurs tenants, attenants et aboutissants… »
Parvenu à ce point de sa lecture, le garde-champêtre s’interrompt pour reprendre son souffle et son mouchoir, replie le rouleau de papier et l’introduit dans une des poches gauches de sa veste fonctionnelle.
Au premier rang, un enfant brun, dix ans (environ), appliqué, se cure le nez et mange sa morve. Sa mère abandonne le garde-à-vous pour lui flanquer une giffle remarquée et approuvée de la population présente.
Histoire du jeune garçon
J’ai peur… Depuis mardi j’ai la frousse, j’ai peur !
Mardi, il pleuvait, on discutait sous le préau, à l’école. Y avait moi, Plancoët et les jumeaux Le Tallec. On discutait de choses, d’autres, tranquilles, sérieux, raisonnables, chacun pesait ses arguments, réfléchissait, prenait son temps. Puis, je ne sais plus pourquoi, un des Le Tallec, celui qui redouble — ils ont presque onze ans — a posé une question : — Et Dieu, vous y croyez à Dieu vous autres ? Sans hésiter l’autre Le Tallec a répliqué : — Dieu c’est comme le Père Noël ou Superman, ça existe pas ! — Si ça existe, a repris Plancoët avec vigueur. — Quoi ? Le Père Noël, Superman ou Dieu ? — Dieu, a dit Plancoët sans hésiter. — Tu y crois, toi, a insisté Gwenn Le Tallec, celui qui redouble ?
Je me suis mis à pleurer. Je n’ai pas pu répondre à Le Tallec, j’avais trop peur… Il a fallu que le maître me console.