La loi est la loi est la loi…

Robert reprend son verre, contemple queles temps la transparence dorée du liquide, une façon de faire le vide en lui, ne voir que ça, ne penser qu’à ça. La soirée est calme. Lentement, il fait, à hauteur de ses yeux, tourner, entre le pouce et l’index de sa main gauche, le verre ballon gonflé de l’alcool ambré… C’est un chouette type, il est vraiment sympathique…

Robert aspire de profondes bouffées de sa cigarette, rejette précautionneusement la fumée vers le plafond, comme s’il voulait ne pas en déchirer les volutes légères lentes un peu déviées par le léger courant d’air venant de la fenêtre ouverte. Tantôt il se noie dans la contemplation du cognac, tantôt dans les arabesques de fumée odorante…

Je vais rester quelques jours de plus, pense Armelle. L’ennui, c’est Zabre qui est toujours derrière moi…

Serge, distrait, caresse de la main gauche son épagneul breton endormi à ses pieds ; de sa main droite il tambourine un air indéfini sur l’accoudoir du fauteuil ; il semble soucieux, très. Serge n’est pas mal nons plus… se dit Armelle.

— Tu sais, Robert, lorsque je vois ce que font tes compatriotes, je ne crois guère en la possibilité de changer l’homme. — Ils ne sont pas assez éduqués, répond Serge. — C’est vrai, rétorque Armelle, c’est écœurant ce qu’il font à ces chiens… — Ils ne font que respecter la loi, dit Serge d’un ton conciliant en se tournant vers elle. — Cette loi est injuste, réplique Armelle. — Mais c’est la loi, reprend Robert, se tournant lui aussi vers Armelle.