De Germaine à Enzo

Enzo, Enzo, Enzo, mon amour autoritaire, je pense indéfiniment à vous… je n'aime la vie que pour la passer avec vous, le silence m'est une grande force - vos pensées me font l'effet d'un beau jour - ce n'est pas en cessant de me faire souffrir que vous pourrez obtenir mon amour. Comment mieux vous prouver combien je vous aime qu'en vous croyant si digne d'être aimé… je crains de faire encore quelque sottise. Jamais je n'ai aimé comme je vous aime… que de larmes me coûte notre brève rencontre de lundi dernier.

Le ciel s'ouvre noir, la lune fait naufrage; je sais que vous n'épuiserez jamais le paysage, qu'est-ce que ça peut faire ce que chacun fait, la campagne et les mots s'isolent un moment.

Depuis que je vous aime, moi, Germaine je ne suis plus Germaine, je ne voudrais pas inutilement masquer mes angoisses devant vous.

Écrire, de ma chambre, une lettre d'amour; Enzo, moi Germaine, je suis folle de vous. Vous m'avez écrit, vous écrivez agréablement mais… je considère que je peux donner à tout être le bonheur dont il rêve (et je l'ai prouvé)… se peut-il que vous ne me donniez jamais un moment de jouissance. Le coeur tout meurtri de coups que vous me portez, sans vous en douter, je vous force à du désir pour obtenir de vous un sourire… par le temps qui court tout est bien inadmissible; mon sort demeure dans vos mains. Je ne suis pas loin de considérer mon amant comme un imbécile. A trente ans je suis déjà mariée depuis dix ans et il vit mal cette situation. Je parle de vous aux façades de la cité. La passion que j'éprouve pour vous m'effraie, sans vous l'espace est vide; prenez-moi toute entière prenez-moi sans vous donner. Ne savez-vous pas que les faits en disent plus que tout le reste… il faut bien que quelque chose comme ça vous arrive un jour.

Mais je parle trop pour avoir si peu à dire.