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Écrits de Marc Hodges
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4 juin 2008

Écrire

J’écris, depuis toujours… Du moins aussi longtemps que je peux faire remonter ma mémoire j’ai des souvenirs d’écriture. Enfant souvent solitaire, je me racontais sans cesse des histoires dont je transcrivais des bribes plus ou moins longs sur des feuilles de papier que j’oubliais ça et là. Plus tard, comme beaucoup d’adolescents, j’ai participé aux journaux scolaires des différents établissement que j’ai fréquenté. La littérature est constitutive de ma personnalité et je suis autant un individu écrivant qu’un individu respirant. «A chaque jour sa page» n’est pas mon slogan mais une de mes règles… Et pourtant! Pourtant je ne sais toujours pas pourquoi j’écris comme je ne sais pas quelle peut-être l’utilité personnelle (ne parlons pas d’utilité sociale) de cet exercice qui prend une part non négligeable de mon temps. Si on me demandait pourquoi j’écris, je ne pourrais guère, comme les enfants acculés dans leurs retranchements, répondre que «parce que…»

J’éprouve dans l’écriture un plaisir orgasmique, écrire me met dans un état second effaçant tout ce qui m’environne, il n’y a plus moi et le monde, moi et les autres, mais moi et moi: ainsi ce plaisir est infiniment égoïste. Je suis parce que j’écris (par ce que j’écris…), car je suis alors pleinement. Les mots, s’ils feignent de parler du monde, sont d’abord mes mots, ces systèmes d’association qui me sont propres et créent un univers sui-generis, rond, plein, autosuffisant. Les mots fonctionnent comme des mots sans référence réelle. Non que je n’ai, vis à vis de mes productions, aucun esprit critique, au contraire, lorsque je me relis je note tout de suite leurs insuffisances, mais parce que le processus m’intéresse bien davantage que le résultat: j’écris d’abord pour me mettre dans l’état d’écriture, être cet esprit écrivant, enfermé dans sa bulle de mots. Aussi je n’ai jamais vraiment cherché à publier car je n’écris pas pour les autres, j’écris pour ne jamais cesser d’écrire pour être infiniment écriture.

Ce rapport est étrange car je sais bien que les mots ont un rapport au monde, que mes mots sont aussi ceux des autres et que — à moins d’adopter une attitude purement formaliste qui n’est pas la mienne — je ne peux pas faire qu’il n’en soit pas ainsi. Mais je vis dans l’instant de mes mots conscient que ce que j’écris à tel ou tel moment n’aurait jamais été, ne sera jamais, écrit de la même façon à tel ou tel autre moment.

Les mots sont ma drogue.

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