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Écrits de Marc Hodges
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25 avril 2008

Sur le Grand Batailles, 7 heures 23

Bréauté court le risque du souvenir: dans son rêve, le temps devient futur, son temps tire sa substance et vit de la moralité de temps anciens. La terre est déserte, aussi loin qu'il peut voir, il n'y a que de la lumière sur les champs déserts, de loin en loin, un bout de pré cerne une lavogne desséchée. La pauvreté se fait ici magnificence. Dans ce total isolement, il éprouve un sentiment étrange de sécurité, le bruit de ses pas ne sonne plus déjà que dans le souvenir. Il est poussé, ne veut pas se laisser gagner par un lyrisme trop facile, parle d'un monde totalement ouvert (il faudrait faire quelque chose!…). Il ne peut comprendre que ce qu'il possède vraiment, essaie d'appréhender le fortuit, d'écrire le livre du monde désordonné dans lequel il vit — poursuite du bonheur… Le vent joue dans les branches la danse aérienne et grèle de la chèvre d'Arthur Honegger.

Bréauté endosse un à un les vêtements de l'air pur. Le ciel pèse comme un édredon de plumes. Sur les pentes douces des collines, l'herbe peine à dissimuler l'impatience des cailloux… "Comme tout ici est incroyablement calme!" Il refuse d'enjoliver la sévérité du réel, mettre trop de bleu sur les ailes des corbeaux, teindre de miel la rugosité quelconque des pierres. Il aperçoit une silhouette humaine, écoute, chantonne, vit, s'arrête et sourit (on finit par ne plus vivre que ce que l'on a en soi), imagine la lente agonie que vit ce spectacle, s'interdit de perdre totalement espoir.

Tout s'enfonce dans la clarté. Le silence lui est suspect. Il prend la nature à témoin. Un oiseau crie: un cri paisible et rauque.

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