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Écrits de Marc Hodges
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23 décembre 2007

Promenade autour d'une chambre

Ici, dans ma chambre, je suis tranquille, je ne risque pas d’être éliminé. Enfin, c’est bien sûr relatif comme toute chose, il y a toujours la chute possible d’un avion, une erreur de tir militaire, une bombe atomique, une explosion de gaz, un attentat extrémiste, la folie d’un inconnu ou d’un membre de la famille (Théo m’inquiète parfois, il joue trop souvent avec le couteau à cran d’arrêt qu’il s’est offert avec l’argent reçu en cadeau pour sa communion privée et puis il le plante trop bien dans les troncs des arbres du parc… D’ailleurs il a les yeux trop bleus, trop bleu clair, un regard de fou, de mystique. Jusqu’à présent il semble normal mais on ne sait jamais, il n’a que onze ans, il va vieillir, changer, s’affirmer, il aura moins peur de moi, de nous, il se peut qu’il en profite, surtout s’il devient plus fort. Va falloir que je le surveille, que je me méfie de lui davantage) ou encore une déclaration de guerre… Mais enfin, d’un point de vue statistique — quoique la statistique !…— je limite les risques. Puis, au fond, je vis aussi bien dans ma chambre qu’ailleurs, je peux y rencontrer suffisamment de petites peurs pour, ensuite, avoir la satisfaction de me rassurer. Surtout je domine la ville, je la vois toute, aussi bien que lorsque je m’y aventure… Pas tout à fait, c’est vrai, mais ce n’est qu’une question de nuances. Disons, je vois presque toute la ville. J’en vois bien assez, je ne parviens pas à épuiser la totalité de son réel perceptible à un moment donné. A quoi bon aller m’y promener, je n’en verrai pas plus. Moins même. Je verrai des choses différentes parce que tous les événements et les micro-événements ne se déroulent pas au même endroit mais je ne verrai peut-être pas l’essentiel.

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