Surprise
Oriane relève les yeux, regard dans regard… moment solennel : soudain quelque chose pèse dans l’air, les conversations environnantes semblent devenir discrètes… Reprise de souffle, regard dans regard, elle se décide…
— c’est pas possible
— qu’est-ce qui n’est pas possible ?
— c’est pas possible… silence, l’air devient plus lourd, ils sont soudain comme dans une bulle… Je crains qu’ils ne soient frère et sœur…
Silence… film dans la tête : Constantin revit la joie éprouvée après avoir poussé Oriane dans les bras de Wolf — bien que personne ne le sache, il avait alors décidé de séduire et puis d’épouser Germaine. Cette grossesse avait été la bienvenue: ainsi il pouvait divorcer sans être responsable, Wolf reconnaissait Marion, Oriane prenait tous les torts à sa charge. Situation idéale… Sauf que… Sauf qu’il avait toujours cru que Marion n’était pas sa fille. Il l’aimait, comme il aimait tous les enfants de la tribu; il l’avait en partie élevée, comme il avait en partie élevé tous les enfants du clan, mais ce n’était pas pareil, enfin pas tout à fait. C’était affectivement pareil mais biologiquement différent et, dans ce cas, cette différence changeait tout…
— Tu es sûre ?
— pas à cent pour cent… disons à quatre-vingt dix huit…
— c’est une catastrophe !
— c’est une catastrophe !
— mais pas question de lui donner du melon…
— pourquoi ?
— je sais pas… c’est le mec là, le… le spécialiste qui le dit… le vétérinaire…
— qu’est-ce qu’on fait ?
Silence à nouveau, les chevaux reviennent :
— dans la trois c’est folle-du-collier qui est en tête…
— merde…
— comme tu dis…