Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 764
Archives
5 juillet 2007

Femmes

Sous-entendus… Sourires… Connivences… Complicité… Même, avec Émilie, sa première femme, Constantin a conservé des relations excellentes …

Comme d’ailleurs avec Sophie, sa seconde ainsi qu’avec toutes les autres : Blandine la belle créole, Clotilde l’artiste, Diane l’effrontée, Germaine la paysanne rougissante et pourtant si charnelle, Léonce la mystérieuse… Aisément séduit, toujours amoureux, à cinquante ans il a derrière lui un passé d’épouseur à tous crins étrenné l’année de ses vingt-deux ans, rarement interrompu depuis, si ce n’est par le temps légal de pause entre divorce et remariage.

Doué pour la vie qu’il envisage avec une profonde légèreté, d’une curiosité empathique bien qu’affamée, Constantin possède une capacité d’écoute peu commune. Capable de s’intéresser au moindre fait anodin de toute vie ordinaire, il séduit n’importe quelle femme par l’intérêt qu’elle sent susciter en lui : amant il les révèle à elles-mêmes ; mari il les laisse s’épanouir, ex-mari il est leur indispensable conseiller— souvent leur confident, parfois leur confesseur. C’est dans ces rôles successifs souvent simultanés qu’il trouve son plaisir de vivre. Rien ne le lasse. Sourires complices, petits plis aux coins des yeux, regards intenses, silences… silences… il fait preuve d’une capacité naturelle — et par suite sincère — de laisser penser à celle qui lui parle des émois sexuels de son caniche nain ou de la difficulté à trouver dans Paris une paire de chaussure à la fois élégante et bon marché que ce qu’elle dit est intéressant, original, brillant, qu’il découvre dans cette conversation décontractée, confiante… complice… des vérités aussi fortes que lorsque, abordant l’art, le cinéma, la littérature ou la philosophie… même la philosophie… elle s’aventure sur des terres plus intellectuelles. Avec lui les monologues semblent être autant de dialogues et les femmes, toutes les femmes, s’enthousiasment pour son art de la conversation et ses capacités d’écoutes. Elles pensent qu’il aime les autres : en fait il aime être aimé et se sentir aimable. L’attention qu’il porte aux femmes n’est que le reflet de celle qu’il attend d’elles. Il puise son plaisir à vivre dans ce jeu permanent entre son affichage vigilant d’attention et le charme qu’il sait susciter ainsi. Avec les femmes seules il est dans cette situation de dissemblance irréductible qui tout en le protégeant des pièges du trop proche lui promet la légère distance de la découverte. Comédien il ne peut se sentir vivre que dans le miroir des regards qu’elles portent sur lui et ne s’épanouit ainsi que dans la seule «conversation amoureuse». Raisons multiples de vivre: c’est dans cette diffraction constante des sens que Constantin vérifie la signification de son existence. Le commerce des femmes est sa passion. Et ce d’autant qu’il considère le sexe comme accessoire, non qu’il n’aimât pas le pratiquer — bien au contraire… et ses partenaires lui reconnaissent d’indéniables capacités en ce domaine — mais parce qu’il ressent davantage sa pratique comme une activité sportive qu’affective.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité