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Écrits de Marc Hodges
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28 avril 2007

Pagès et Bréauté

L'infini tient ici entre les bras ouverts d'un homme, il voudrait réinventer à partir d'elle-même la terre, l'air et le feu sans jamais être paralysé par leur beauté. Il se protège contre la remise en cause de toutes ses certitudes, ses souvenirs l'obsèdent, son temps tire sa substance et vit de la moralité de temps anciens. Son temps lui est soudain si incertain…

Isolés, séparés de la protection des bois, les arbres ont tous quelque chose de fragile et de torturé. Il respire, sent, se retourne, ne rencontre que trop de ruines. Spectacle rouge. Toute chose a deux visages: le visage de ce qui passe, le visage du devenir. Toute joie veut l'éternité de toute chose. Il aime l'infini de sa marche sur les sentiers sombres. Il est déjà au futur. Le meuglement lointain d'un avion déchire l'épaisseur du silence. Il n'est pas pressé. Il a des dispositions pour le mensonge. Tous ceux qu'il a aimé autrefois continuent à hanter ses rêves et à fortifier ce dont il se souvient. Il aperçoit une silhouette humaine. Peu de couleurs, aucune exubérance, la campagne refuse de se dévoiler. Il fait beau, seule une légère brume voile le bleu parfait du ciel. Il hésite entre plusieurs solutions : c'est par l'observation de son passé qu'il est parvenu à savoir qui il est, mais de quoi doit-il donc vivre ?… déjà au futur. C'est ainsi. Aplats rouille… Pierre gris-fumé… Il y a en lui un désir d'amour qui parle le langage de l'amour. Le monde recommence tous les matins. Il a coutume de se laisser emporter par ses rêves, sait combien il est difficile de résister au désespoir.

L'homme s'améliore avec les années… Le paysage est ici secrété par le ciel. "Comme le temps va vite !" Il ne laisse rien de lui au-dehors, sait l'orgueilleuse solitude que figure l'isolement presque absolu du plateau. La lumière, blanche, n'est qu'une buée sur le ciel. Aussi loin qu'il peut voir, il n'y a que de la lumière sur les champs déserts. Il faut avoir le courage d'admettre qu'on ne peut acquérir qu'avec lenteur et patience les choses qui comptent. Il désire une langue qui dirait l'indicible. Des ombres rapides et brusques courent sur les herbes sèches. Le silence est si pur! La nature, qui a choisi mollesse et douceur, sait parfois devenir rages et ruptures. Il poursuit son chemin. Il n'a pas dormi, à peine s'il a mangé depuis plusieurs jours.

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