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Écrits de Marc Hodges
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24 février 2007

André Pagès marche sur le Méjean

Près de lui un arbre frissonne. Le chemin de sa mémoire est tortueux ; dans l'air parfois sont des fissures pour l'âme… Le paysage est minéral. Dans la lumière, le toit métallique d'une grange moderne, brille au loin. Il lève les yeux vers le ciel. Le ciel s'aplatit sur la terre. Il a perdu l'habitude de contempler ce monde, perdu la mesure de sa grandeur… Rocailles. Il se veut ici totalement chez lui, ne peut pourtant chasser de son esprit une vague joie. Il le sait. Les pierres méditent sous la lumière. Toute accusation avorte. Ses rêves se mêlent à la réalité. Un jeune bois de chêne pousse vers le ciel. Sa vie a retrouvé un ordre, il se retourne, rit et songe, son lyrisme ne s'élève jamais bien haut. Notes de guitare. Il note. Le soleil paraît sans mouvement. Il n'ignore pas que c'est bon de marcher ainsi, infiniment… Il n'est pas le seul à subir. Tout est à la mesure de l'instant. "La beauté est la forme que l'amour donne aux choses." Il repart et fuit. Toute son histoire personnelle n'occupe que trop peu d'années. Il pense avoir trouvé ici l'harmonie qu'il recherche. Il longe un chemin doublé de buis, entend souvent des plaintes. Comme les vivants il se nourrit des morts. Au bord d'un bois, un mûrier ponctue discrètement l'espace de ses points rouges et noirs. Il jette des pierres pour le chien qui le suit et ne cesse de les lui rapporter. Un nuage d'images floues tourbillonne dans sa tête. Le meuglement lointain d'un avion déchire l'épaisseur du silence. Le monde est à l'extérieur, ailleurs… Sa gorge est douloureuse de cette langue qui ne sait se dire, le monde de son enfance tend à occuper l'espace vide, il vit mais sa vie est constamment sous une pression d'atmosphères impossibles à mesurer, il veut donner la préférence à l'avenir, n'ignore pas que souvent seule l'absence est vraie: il y a de l'amertume dans le vin du meilleur amour.

De ci de là, des pierres torturées poussent comme de petits pins malingres. Il jette des pierres dans les buissons de genévriers, respire, s'éloigne, vit encore. Dans les lointains tremblés de soleil du plateau, le sol est d'une grande pâleur, tous les tons exténués s'étalent ici à perte de vue, l'espace des collines est un puzzle découpé de pièces semblables a d'infimes nuances près. Aux canyons trop facilement grandioses, il préfère le dénuement affecté des plateaux.

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