Reconnaissance
Sur la route, arrêt à Nasbinals, tentative pour retrouver quelques souvenirs de bonheur : c’est vrai qu’on vous ignore. Dans l’épicerie où on allait souvent avec le grand-père, décevant, plus encore… La vieille dame n’a pas beaucoup changé, elle n’a manifesté aucun intérêt quand on s’est fait connaître. Elle ne se souvenait pas. Du grand-père, oui… De vous, non… Apparemment ça n’a jamais compté beaucoup. C’est une autre blessure qu’on a du mal à accepter. D’habitude, on ne manque pas une occasion, à Paris, ailleurs… d’affirmer l’origine lozérienne, dire «voyez d’où je viens…» On se veut lozérien, on s’en croit fier, on croit que ça compte… En fait…
Puis, en plein plateau, ce chemin, cette buvette-épicerie-restaurant plantée au bord de la route. Attirante, ça changeait des attrape-touristes où l’on est toujours reçu comme hôtes de passage, avec une amabilité conventionnelle. Ici, c’est sûr, tout client est un ami: il y en a si peu. Depuis qu’on est là, aucune voiture n’est passée, on est seul, installé devant la table bancale, sur la petite terrasse un peu sale, mal balayée… ou si peu…