On…
Un quart d’heure qu’on vous laisse attendre… Peut-être plus. On n’aime pas, ça se voit, ça tapote nerveusement de l’index et du majeur sur le bois grossier de la table. Aucun doute, on s’irrite, le rythme des doigts s’accélère. Pourtant, bien sûr, on paraît calme sur l’ensemble du corps. Trop calme même, rigide, regard, sous l’arcade des sourcils noirs qui froncent, fixant sans intérêt manifeste au-delà du chemin la lisière proche et, pour tout autre, tentatrice de la forêt de pins.
Une drôle d’idée, ce matin, que de suivre ce chemin départemental, comme une envie irraisonnée de nature déserte, perdue… découverte, aventure ? On n’a pas réfléchi. Ça ne lui ressemble pas… On passe sa vie à réfléchir, peser des décisions, préparer l’avenir… On trace des plans… Mais en vacances, tout de même… Pour une fois on a cru trouver un peu de piment dans l’improvisation. Ça n’était pas du tout prévu de passer par là. On ne savait même pas, avant, que ce chemin existait.