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Écrits de Marc Hodges
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13 août 2006

Un flirt possible

Suivant les conseils de Zabre, la jeune fille humait profondément l’air entrant à flots par la fenêtre: il lui semblait déjà respirer le large. Soudain, Zabre reçut une escarbille dans son œil droit, ce qui mit un terme momentané à son éloquence. Se frottant l’œil de son index gauche, à demi aveuglé, sa main droite, par inadvertance, rencontra la main gauche de la jeune fille posée sur la barre chromée de la fenêtre: ni la main ni la jeune fille ne se retirèrent. Zabre ne s’en rendit vraiment compte que lorsqu’il parvint à rouvrir les yeux. Il en fut quelque peu troublé, bredouilla :

- vous, vous… allez loin ?
- Oui

Il aurait voulu lui demander où mais ne savait comment s’y prendre sans avoir l’air d’être trop direct:

- loin… très loin ?
- Oui
- Moi aussi
- Ah…

Un ange passa qui frôlant Zabre de ses ailes le décoiffa. La situation devenait embarrassante d’autant que Zabre sentait bien que laisser sa main droite reposer sur la gauche de la jeune fille devrait n’être qu’un préliminaire. Il avait, jadis, lu l’Ars Amatoria, l’Éducation sentimentale, Cœurs épris, Entre deux âmes, Amour de Princesse, L’amour balance, le King Ping Mei, La princesse de Clèves, Une page d’amour, Nana, Toi et Moi, la Physique de l’amour, et bien d’autres… mais malgré ses efforts désespérés, il ne parvenait pas à se souvenir d’une seule des phrases que prononcent les héros dans des situations semblables. La seule citation qui lui vint à l’esprit: «je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue dans ses relations avec la pensée. Je suis celui qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes, de ses plus insoupçonnables…» ne lui semblait pas vraiment adéquate et, de plus, il en avait oublié la suite.

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