Portrait de jeune fille au vent

Zabre  et la jeune fille s’accoudèrent au rebord de la vitre baissée et, sans mot dire, regardèrent défiler le paysage… Quelques rares taches blanches, en formes de murs, couraient au loin, çà et là, fuyant le train, des masses noires se poursuivaient dans la campagne, le monde était en mouvement; par endroits quelques lumières jaunies indiquait des écueils, le paysage abandonnait le navire. Soudain, dans un écran de rideau métallique fermé avec rage, le soir par un petit commerçant qui a réalisé de mauvaises affaires et qui, de plus, n’a pas réussi à rejoindre sa maîtresse… soudain, un tunnel vint gommer le spectacle, renvoyant Zabre à Armelle et Armelle à Zabre…

«…le vent sifflant dans la longue chevelure blonde de la jeune fille donnait à ses traits une grâce inexprimable, ses cheveux jouaient et ondoyaient dans l’air avec une élégance telle que Zabre eut de la peine à ne pas plonger sa main dans leur flot pour en vérifier la douceur; à la façon dont elle inclinait légèrement la tête, offrant son visage au vent, les yeux fermés pour la caresse, Zabre percevait que ce n’était pas une jeune fille quelconque, issue de souche populaire; et la beauté qui émanait d’elle tenait à la fois de l’aisance et de la distinction des vieilles familles aristocratiques du marais poitevin…»