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Écrits de Marc Hodges
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27 juin 2006

Lire - écrire - lire

Donc, il s’appellera Robert… déjà l’obligation de choisir. Si je l’avais appelé Marcel — comme moi — j’aurais triché parce que ce ne serait pas tout à fait moi. IL ne peut pas être MOI… IL restera toujours infiniment moins complexe, moins vivant — encore un de ces mots sur lesquels il faudrait s’étendre… on écrit «vivant» et aussitôt on s’aperçoit que ce mot n’est qu’un mot, qu’il ne signifie rien par lui-même, qu’il n’a ni réalité, ni —dépendant de qui le prononce, de qui le lit— valeur définitive. Il est évident que vivre n’a pas la même signification pour un paralytique ou un cascadeur, pour un fou ou un génie… Passons… Robert (ou Marcel) ne pèsera pas beaucoup, matériellement, sur une balance, juste le poids dérisoire de quelques feuilles de papier. Et pourtant… Je devrais écrire Robert = Marcel – x… Reste à déterminer la valeur de x, un impondérable, la marge d’erreur permise… Mais dans cette marge d’erreur, le lecteur ignorera toujours le poids du conscient et celle de l’inconscient…

Donc, Robert :

Il est assis dans un fauteuil, sous un lampadaire à l’abat-jour de vichy rose. Il lit un journal. N’importe quel journal.

Mais pourquoi le vichy rose? Pourquoi ce détail là, pourquoi pas du vichy bleu? Chez moi, pas d’abat-jour en vichy. Peut-être que j’essaie, inconsciemment, de brouiller les pistes, de faire en sorte que mon lecteur (voilà déjà que je me prends pour un écrivain avec ses lecteurs) se dise: «cette aventure est simple imagination, elle n’est pas mal inventée, mais au fond ça ne peut pas être vrai, les abat-jour en vichy sont invraisemblables…» Ainsi, chacun restant dans son rôle respectif, le récit reste supportable: il y a celui qui écrit des histoires un peu — un tout petit peu — en marge de la vie et celui qui les lit en sachant cela et qui n’a rien à craindre de ce récit puisqu’il n’est pas concerné, que ce qu’il lit ne peut se réaliser dans son monde.

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