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Écrits de Marc Hodges
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9 juin 2006

Un dialogue muet des corps

Le peintre est pétrifié: le corps qui s’est dévoilé l’a saisi par sa plénitude, sa sensualité. Ses crayons animent sa toile. Des formes dynamiques s’y esquissent. Mais il n’arrive pas à comprendre la joie qui illumine maintenant le visage de la jeune femme.

Comme une stripteaseuse, sans quitter le peintre des yeux, elle glisse un doigt dans la ceinture, se penche, fait doucement glisser le slip sur ses jambes. D’un simple mouvement des jambes, elle projette ses chaussures vers lui. Alors elle ferme les yeux, se cambre vers lui comme si elle offrait son sexe, se caresse.

Elle est là, devant lui, complètement nue, mis à part ses souliers à talon très haut qu’elle n’a pas ôté, le corps parcouru de frissons, dans un état d’excitation sexuelle évidente.

Le peintre a un moment d’hésitation. S’indigner au risque de la faire fuir, perdre son modèle? Se précipiter vers elle? Il essaie de lire dans ses yeux… mi-clos, ils disent: «Ne me touchez pas mais peignez-moi ainsi.»

Le peintre dessine. Mais c’est une expérience curieuse: quand son regard se promène sur le corps de la jeune femme, quand ses doigts en reportent les courbes sur la toile, il en lit les effets sur sa peau, un tremblement presque imperceptible, une lente ondulation sensuelle. Il ne dessine pas, tatoue ce corps qui s’expose, caresse la toile et cette caresse a pour lui une véritable force sensuelle.

Il pense: «Il me faut dessiner, dessiner avec le plus grand calme, la plus grande attention possible pour voir si mon excitation s’apaise, sinon je ne sais où on va.»

Cependant la jeune femme ne fait vers lui aucun geste. Elle est comme isolée dans son univers,  comblée, n’a besoin de personne. Le peintre est le seul à être troublé.

Ce dialogue muet des corps dure ainsi près d’une heure, puis quand le peintre a tracé à grands traits sur sa toile un ensemble de formes souples qui laissent deviner ce qui sera plus tard un corps, que son travail se ralentit, sûre d’elle, elle se rhabille.

Quand elle a terminé, redevenant une jeune bourgeoise, elle s’avance calmement vers le peintre, lui serre poliment la main et à nouveau rougissante, lui dit: «Je reviendrai demain. A la même heure?»

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