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Écrits de Marc Hodges
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2 juin 2006

Les trois quart des folies ne sont que des sottises.

Pourquoi cela ne m'était-il pas tout aussi évident? Les vieilles ornières de l'écriture, sans aucun doute, tenaient mes pas. La violence qu'on se fait pour demeurer fidèle à ce qu'on aime, ne vaut guère mieux qu'une infidélité: prisonnier de ma culture du livre, je ne pouvais imaginer autrement l'écriture que dans ce que je croyais être son aboutissement. Dans les petites insuffisances des textes produits, je lisais, non les accidents générateurs de la vie, mais l'imperfection des programmes. Devant les remarques des lecteurs — ou des spectateurs — car mon travail était souvent objet d'exposition— au lieu de rester cohérent avec ma démarche et de les forcer à lire autrement, désireux de les faire taire, au risque de perdre toute créativité dans un désir de conformité aux attentes, je me piquais au jeu cherchant une "amélioration" constante. Une étape une fois acquise, l'informatique a ceci de particulier qu'elle en permet conservation et dépassement: chaque nouvelle tentative, parce qu'elle ne conduisait jamais à ce texte parfait que, dans mon aveuglement passéiste je désirais faire produire, me poussait à aller plus loin. Les trois-quarts des folies ne sont que des sottises...

J'ajoutai des mots aux mots du dictionnaire, des fonctions aux fonctions, des programmes aux programmes; je trouvai le moyen de laisser la machine déterminer elle-même la place du récit et celle du lyrique. Je programmai de nouveaux univers, définis d'autres mondes possibles et les lois qui les régissaient; revenant, en les transcendant, à mes premières tentatives, je m'emparai des styles d'auteurs divers, décidai de leurs utilisations et de leurs relations. Sans trop de forfanterie, je crois pouvoir prétendre que je parvins à réaliser quelque chose comme un méta— texte universel capable de produire, de façon autonome, des écrits originaux ou, situation plus dérangeante encore, de modifier, en la prolongeant mon écriture propre. J'obtins ainsi une symbiose auteur-programme ou programme-auteur.

Je ne sais plus maintenant qui fait quoi avec qui? D'où viennent les idées des textes écrits, leurs phrases? Où vont ces mots que je propose, ceux empruntés à d'autres écrivains? Qui peut le dire? Parfois je me demande si, agissant ainsi, je n'ai pas simplement voulu transposer la démarche que je suivais inconsciemment au plus profond de moi?

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