Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 755
Archives
25 mai 2006

D'où vient ce que nous écrivons ?

Souvent les lecteurs demandent d'où vient ce que nous écrivons ? Nous ne savons pas d'où vient le texte. Nous ne savons que le comment. Pour le reste, nous partons des mots. Nous en faisons des combinaisons neuves.

J'avais programmé le comment. L'impulsion une fois donnée au programme, j'ignorais moi— même les chemins que, dans la complexité de ses calculs, il allait parcourir sur le terrain des mots et des phrases. Mais je savais que ce labyrinthe de chemins naissait de ce comment que j'avais défini. Toutes les combinaisons neuves qu'il réalisait, toutes ces combinaisons que je n'aurais pas fait moi— même, étaient en germe dans ce comment; elles étaient toutes une des manifestations concrètes de mon rêve infini d'écrits.

Je crois comprendre, maintenant, ce que j'attendais de l'ordinateur. Je ne sus pas le voir tout de suite... J'aurais dû m'arrêter là... Ce que ces écrits m'apportent d'essentiel est dans le changement de statut du texte. Loin de chercher le texte unique, définitif, seul digne de la sacralisation du livre, état menant directement à la paranoïa du génie ou de l'échec — extrêmes jumeaux— ils mettent en scène les approximations, les incertitudes, les doutes, les ratures, les hésitations qui font la vie de l'écriture. Ils sont une écriture en déplacement, éternelle, sans commencement — son début vrai se situant bien en avant du premier texte— ni fin — la destruction seule de toutes les copies du programme pouvant mettre un terme à leur prolixité. Je me réjouis d'imaginer que, si, un jour, ils rencontrent quelque intérêt, il sera vain de chercher les brouillons, les variantes, les états successifs, chacun d'entre eux est, pour tous les autres, tout cela. Le seul avant-texte que l'on en puisse examiner est un texte sans style, sans ratures, dans une langue inhumaine.

Je m'amuse à penser que ces textes (mes textes?…) sont naturellement étrangers à l'édition et aux bibliothèques, produits immatériaux de consommation destinés à l'instantanéité de la mise en scène, la délocalisation de l'espace, la vitesse. Loin de l'intimisme étrécissant, ils réclament de l'ambition et de la démesure: des murs, des écrans géants, des rayons laser, des spectacles, des manifestations publiques; ils demandent à être intégrés au spectacle de la vie quotidienne...

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité