Prostitution
Yvré attendait…
Il attendit longtemps…
Cependant
cette attente ne semblait pas trop lui peser. Si l’on en jugeait par
son sourire béat, il paraissait même qu’il y trouvait une certaine
satisfaction.
Parfois cependant il était parfois agité
d’étranges tressautements, parfois de soubresauts violents. parfois il
haletait, s’essoufflait puis, brusquement, recouvrait provisoirement un
certain calme, une certaine sérénité même comme s’il était entré dans
un monde de voluptés paisibles pour être, quelques instants plus tard,
à nouveau habité de curieux tressaillements. Il donnait alors des coups
de rein au vide, mordait, griffait l’air… On aurait dit qu’il faisait
l’amour à un être virtuel et que cet amour tournait parfois au combat…
D’autres fois encore, comme sous l’effet de chatouilles immatérielles,
il se trémoussait, riait d’un rire bruyant qui s’émoussait alors en
gémissements.
En démonologue pragmatique, Yvré, plutôt que de se
rendre dans un quelconque lupanar ou de risquer d’attraper froid — ou
pire encore — en s’offrant le luxe relatif d’une tapineuse draguant en
bordure de forêt, soucieux de ménager son éternelle impécuniosité,
trouvait en effet plus rationnel d’invoquer, chaque fois que le besoin
s’en faisait sentir — donc au moins deux à trois fois par semaine…— de
convoquer succube quelconque ou incube ordinaire — Yvré n’ayant aucun
préjugé quant au sexe de ses partenaires et donc suivant son désir du
jour — pour utiliser au mieux leurs inépuisables et gratuites capacités
sexuelles.