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Écrits de Marc Hodges
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30 novembre 2005

Lord Tcholrou

Ceci dit, Palançy alla dans la salle chercher un personnage étrange dont les yeux eussent parus beaux si le droit n'avait été marqué d'une taie et dont la tête semblait enfoncée entre deux montagnes, qu'il présenta comme Lord Tcholrou, vieil ami de Londres, venu tout spécialement pour la soirée. Palancy lui demanda, comme une faveur, de lire le texte suivant : «The lights grow brighter as the earth lurches away from the sun, and now the orchestra is playing white cocktail music, and the opera of voices pitches a key higher. We both sat down in a couple of places and seemed to slide off, and finally I sat on a black fur rug and Khamid on a white footstool beside me...».

La prononciation de Lord Tcholrou, au modulé exemplairement oxfordien, était parfaite. Cette courte lecture terminée, Palancy demanda s'il y avait, dans la salle, une personne ne parlant pas du tout l'anglais et une le parlant peu ou mal. Une jeune femme, dont les yeux avaient une grande douceur, se leva. L'appelant Madame Organmok, Palancy la remercia et l'invita à venir le rejoindre. Elle fut bientôt suivie d'un nommé  Faratchi, homme à la bouche tellement perdue  au fond d'une forte barbe, que sa face semblait muette et sans lèvres. Tous deux, comme Lord Tcholrou, durent lire le même texte. Madame Organmok, butant sur chaque syllabe, prononçant «the» comme «thé» et «lights» comme «lit», n'avait manifestement pas la moindre connaissance de la langue anglaise; Monsieur Faratchi, lui, tout en lisant correctement le texte butait parfois sur quelque syllabe. Il n'était pas indispensable d'avoir une oreille très avertie pour conclure, à sa façon de prononcer les «r» et de placer l'accentuation, que son anglais avait un fort accent turc.

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